Renault Group approché par le ministère des Armées pour produire des drones
Par O.Abdelwahd – Publié le 8 juin 2025

Le ministre des Armées,Sébastien Lecornu, confirme le recours potentiel à Renault Group pour la fabrication de drones. Source: AFP
Le 8 juin 2025, Reuters a révélé que le ministère français des Armées a approché Renault Group afin d’étudier la possibilité d’une collaboration pour la fabrication de drones.
Le constructeur automobile a confirmé avoir entamé des discussions, tout en précisant qu’aucune décision officielle n’avait encore été prise, en l’absence de détails précis du gouvernement :
« Nous avons été contactés par le ministère des Armées. Des échanges ont eu lieu, mais aucune décision n’est prise à ce stade, car nous attendons notamment des précisions sur ce projet de la part du ministère », a déclaré Renault Group dans un communiqué à Robotech.
Une production de drones en Ukraine en ligne de mire ?
Selon plusieurs sources, ce projet pourrait conduire Renault à participer à la production de drones sur le sol ukrainien. Depuis 2022, l’Ukraine mise massivement sur les drones – aussi bien pour la reconnaissance que pour les frappes ciblées – ces systèmes étant devenus un pilier de sa stratégie défensive.
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a confirmé que l’objectif était de créer un partenariat entre un grand constructeur automobile et un acteur de la défense, afin d’installer des lignes de production de drones directement en Ukraine.
Une tradition de mobilisation industrielle française
Ce projet rappelle les mobilisations historiques de l’industrie française, notamment lors de la Première Guerre mondiale, où Renault avait déjà transformé ses usines pour soutenir l’effort militaire (notamment avec la production du char FT en 1917).
Le contexte géopolitique actuel pousse la France à activer de nouveau son potentiel industriel civil pour répondre aux enjeux militaires modernes.
Une convergence technologique : de la voiture autonome au drone intelligent
Renault possède déjà un savoir-faire reconnu dans plusieurs domaines clés, communs aux technologies de drone :
- la robotique embarquée et l’automatisation de la conduite (ADAS, conduite autonome de niveau 2/3),
- la motorisation électrique et la gestion énergétique,
- les capteurs intelligents (lidar, radar, caméras stéréoscopiques),
- les chaînes d’assemblage robotisées, avec un haut degré d’automatisation.
Ces compétences sont transférables à la robotique volante, notamment en ce qui concerne la navigation autonome, la gestion embarquée de l’IA de vol, et la modularité de fabrication à grande échelle.
D’un point de vue technique, la production de drones exige des briques similaires à celles d’un véhicule intelligent : une architecture logicielle embarquée fiable, des protocoles de communication sécurisés, et une intégration fine entre logiciel, capteurs et moteurs électriques.
Vers une autonomie technologique européenne ?
Le contexte géopolitique tendu accélère et redéfinit la transformation de l'industrie robotique. L’initiative du ministère des Armées peut également être interprétée comme un signal politique fort : la France, et plus largement l’Union européenne, cherchent à renforcer leur souveraineté industrielle en matière de technologie de défense.
Le recours potentiel à Renault Group pour la fabrication de drones marque une étape importante dans la transformation de l’industrie robotique européenne.
Ce croisement entre automobile intelligente et robotique militaire traduit une tendance globale : la guerre moderne impose de nouveaux rythmes industriels, où l’innovation, la rapidité de production et la flexibilité technologique deviennent stratégiques.
Cela suggère que l’avenir de la défense européenne pourrait reposer sur la mobilisation des géants industriels civils pour produire des technologies duales (civiles/militaires), car aujourd’hui, l’IA, la robotique et l’autonomie s’imposent sur tous les terrains.